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María Medrano, Yonofui

Résidence à Rennes / Brest, 2010

projet promenons-nous dans les bois

 

En résidence à Rennes du 15 au 30 mars 2010, María Medrano, poétesse argentine, initie l’association Yonofui, qui mène depuis quelques années des ateliers et des festivals de poésie dans les prisons de Buenos Aires.
Lors de sa résidence, María Medrano a animé des ateliers de poésie dans les prisons des femmes de Rennes et Brest, et elle a participé à des lectures-rencontres å la Maison Internationale de Rennes, la Médiathèque Saint Martin à Brest, et à la table ronde « Dedans-Dehors » (Ligue de l’Enseignement, Rennes).

 

Dans le dialogue Nord-Sud, c’est bien connu, on entend d’abord, le plus souvent et plus fortes, les voix du Nord. C’est pourquoi la soirée “Trio en Sud majeur” méritait une oreille. Car ont résonné entre les murs de la médiathèque Saint-Martin troix voix — qui ont aussi servi trois “écritures” — originales, accompagnées, en début et fin de chemin, par les improvisations tantôt abruptes, tantôt tissées de douceur de la violoncelliste Hélène Bass. Laurine Rousselet a rapporté d’une résidence à Cuba en 2009 un texte sorti ce mois-ci aux éditions Apogée (De l’or havanais), dont elle a lu quelques pages aux accents âpres, bribes de ce soleil noir qui enferme l’île dont elle traduit, avec son art personnel d’un verbe haut et incandescent, toute la vive schizophrénie (“Je viens traduire, moi qui ne possède que ma langue”).  Lui succédait l’Argentine Maria Medrano, en résidence à Rennes, grâce à l’association Travesias de Chantal Bideau. La Porteños a déridé l’assemblée, et aussi captivé, par ses textes à l’humour cruel, ses quasi-histoires d’une amère désopilance, évoquant des femmes enfermées dans un univers absurde : le quotidien, qu’elle donne à entendre sans effet, mais avec tous les moyens d’une parole poétique  à la fois brutale et pudique, ordinaire et grave. Fatima Rodriguez, poète galicienne, a terminé en beauté cette déambulation septentrionale. Avec fougue et corps elle a lu, en galicien puis en français, des extraits de son recueil Oblivionalia, tout juste paru aux éditions Les Hauts-Fonds :

 

“Et puisque en fin de compte
nous sommes toutes faites de fractures
de fentes d’immondices
chacun se défend comme il peut
et soigne ses blessures
en les nettoyant avec une charpie de vérités aseptiques
ou de douces tromperies, et infantiles
qui ne sont que rêves, illusions
de vérités
recyclées
latentes
dans un recoin
de pauvre
et périssable matière organique.   […]”

À ces trois paroles, trois langues (espagnol, galicien, français) vivantes, a succédé un débat qui a roulé de la poésie vers le sort des “petites” langues (Fatima Rodriguez a traduit du guarani).


A la fin, une certitude est restée en chacun : la poésie n’était pas cette inutile langue morte à laquelle on la condamne si facilement. Le temps du soirée, trois femmes l’ont incarnée magnifiquement. Evidemment.

Alain Le Saux

mercredi 24 mars 2010, 18h30 å la Médiathèque Saint Martin, Brest


En partenariat avec les éditions Les Hauts Fonds, lectures de textes de María Medrano, Laurine Rousselet et Fatima Rodriguez avec un accompagnement musical de la violoncelliste Hélène Bass.

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